Insomnies
Étonnante situation que voilà : les meubles autour de moi entament une folle farandole et mon lit a des liens de parenté (ou de part hanté) avec celui qui a tourné (sauté plutôt !) dans "l'exorciste"...
Ça fait 62 heures que je ne dors plus. Insomnies comme on dit.
C'est étonnant les capacités du corps humain. Je n'aurais jamais pensé qu'il fût si simple de perdre du poids; il suffit de perdre le sommeil. Du coup, l'appétit aussi est porté disparu. Marrant.
Autre aspect de mon mal : un rien m'amuse ou m'interpelle. Je suis restée 3 heures à contempler, fascinée, mon orteil droit; puis cinq à me demander si c'est juste moi ou si tout le monde a cette espèce de corne autour ?
Perturbant n'est-ce pas ?
Et ça ne fait que commencer.
Comme je ne dors plus, ba forcément j'ai plus de temps à occuper... Maintenant la nuit je fais mes trois repas (même si je n'ai pas faim, je feins !) et fixe religieusement mon plafond ou ma télé. Activités éreintantes au possible; comprenez que je n'en puisse plus.
Chaque minute de passée est un épuisement, c'est moi qui fait tourner les aiguilles de la pendule par télékinésie et j'en ressent l'effort dans tout mon être. J'ai une pensée de sympathie pour Chronos et lui offrirai toute ma compassion si ça n'était pas si fatiguant.
Je ne sais plus trop où se séparent le jour et la nuit, ne sentant plus la relâche de leur étreinte. Aube et crépuscule ont les mêmes couleurs; et lune et soleil, même éclat à mes yeux hallucinés.
Tout à l'heure, dans ma salle de bain, j'ai hurlé en tombant face à un vampire décharné; puis ai découvert, rassurée, que ça n'était qu'un miroir.
Je sais qu'il faudrait que j'en tire des conclusions inquiétantes, mais je ne suis plus très sûre de savoir pourquoi une glace devrait me faire peur ( peut-être un rapport avec le marchand du sable contenu dedans ?).
De toutes façons, je n'arrive plus très bien à distinguer mes sentiments, à dissocier mes émotions. Je flotte d'abord.
Je savais même pas que je pouvais voler... aussi loin. Ni aussi vite. Ni qu'il existait des endroits aussi lumineux.
Si j'avais encore un instinct de survie, je pense qu'il me dirait de ne pas m'approcher, de pas entrer dans ce grand rayon blanc, mais tout mon être est comme anesthésié et ça a l'air si pur là-bas...
C'est comme ouvrir les yeux. A l'envers.